B I R D . ✟ TAKE ME TO CHURCH

C'est dans la plus misérable des conditions que je venais de pousser mon premier cri. Dans un lit utilisé peu de temps avant par une autre fille du bordel et l'un de ses clients. À présent, elles étaient presque toutes là pour soutenir ma mère qui poussait difficilement pour obtenir son bout de chou... moi. le risque du métier. Si elle était l'une des plus réticentes à devoir s'occuper d'un bambin seule, elle savait qu'elle pourra toujours compter sur ses amies pour s'occuper de moi lorsqu'elle devra se consacrer à son travail. Il est hors de question pour elle de tout abandonner, surtout pour une créature comme moi dont elle n'a jamais eut envie d'avoir. Pire encore, elle devait se tuer à la tâche si elle voulait s'assurer un minimum de moyen pour nous deux... Autant vous dire qu'elle ne m'a pas trop apprécier au départ, toujours à me refourguer dans les bras d'une autre dame qui avait toujours rêvée d'une vie de famille plutôt qu'une vie de femme de joie. Néanmoins, si ma mère songeait se débarrasser si aisément de moi, elle se mettait le doigt dans l’œil. Quand il fut possible pour moi de marcher et surtout de courir, c'était principalement en direction de ma génitrice que je me dirigeais, à son pus grand malheur... Particulièrement lorsque je la gênais alors qu'elle se trouvait en plein travail. Là alors, j'avais le droit à des remontrances après la séance. Puis je pleurais comme une madeleine pendant plusieurs heures avant de refaire des bêtises. Ainsi, voilà comment se présentait mon quotidien.

Mais si au début de ma vie j'avais le droit à faire ce que je voulais, à m'amuser dans les couloirs, on ne perdit pas de temps pour m'obliger à travailler. Si je voulais espérer être logé et nourrit dans cette maison qui m'avait toujours plus ou moins chéri, il fallait que je l'aide à prospérer, qu'importe les moyens. Aussi, je finis donc par m'occuper en passant régulièrement le ménage et à faire le lit et parfois même la cuisine pour épauler les filles du bordel et ses gérants. Mais les filles savaient que tôt ou tard, je saurais leur être utile autrement. Moi aussi je l'avais acquis. Il n'était plus utile de m'expliquer comment on avait des bébés et comment cela devait se passer. En réalité, cela ne m'avait jamais choqué puisque j'avais toujours baigné dedans. Je dirais même que cette ambiance m'avait tout plu pour la chaleur des lieux et les plaisirs qui pouvaient dégager malgré quelques clients un peu trop malsains... L'un d'entre eux eut même le désir de m'emmener avec lui dans sa chambre comme l'avait songé les filles qui le laissèrent faire comme si de rien n'était, s'imaginant simplement que j'allais leur rapporter gros... Et c'est ma mère qui du réagir, bondissant à la gueule du gars tel une lionne affamée pour protéger ses petits. Malheureusement pour elle, c'est ma génitrice qui passa un sale quart d'heure à ma place, à mon plus grand désarroi.

Néanmoins, c'est à cause de ce terrible évènement qui poussa ma mère à rejoindre l'église la plus proche et y trouver un pasteur. Si je fus étonné de quitter cette maison de plaisir en découvrant un tout nouveau paysage, et de nous voir éclipser comme des voleurs, je savais à l'avance ce qui allait se dérouler bientôt. J'allais être confié à l'homme, définitivement... Je pensais que cette prémonition n'était que le fruit du hasard ou l'instinct. Je ne me doutais alors à cet époque que je possédais véritablement un don, n'étant qu'un pauvre petit garçon, aussi je ne retins pas mes larmes lorsque ma mère m'abandonna à l'intérieur de l'église, bien qu'elle prétendait revenir plus tard. Non, je savais tout... Et j'en voulais au pasteur pour ça bien qu'il se montra toujours être de très bonne compagnie. Il ne me corrigea aucunement sur mon attitude plutôt dure à son égard, comprenant qu'il était difficile pour un garçon issus d'un milieu infect et de fête, de se retrouver dans un autre endroit plus austère et froid. Aussi je m'appris à me dresser moi-même et à me consacrer à des cours que je pensais inutile comme l'écriture et la lecture jusqu'à même apprendre les mathématiques qui n'était enseignés qu'à des enfants qui avaient la chance de pousser leurs études au maximum. Et comme je vivais quotidiennement aux côtés du pasteur... Il n'y avait pas de raison selon lui à ce que je n'en fasse pas de même. Mais bien évidemment, il avait également prit la peine à ce que je m'intéresse plus grandement encore à la religion. Dès lors, alors que j'entrais en pleine adolescence, que je commençais à comprendre peu à peu le fonctionnement de l’Église et que les prémonitions devenaient de plus en plus troublantes - car vraies - que je commençais à me poser d'innombrables question sur ma personne. Ce don que j'aurais dû voir comme un véritable cadeau de la nature devenait, dans mon esprit de petit saint, une malédiction... une sorte de coalition avec le Diable. J'étais un sorcier sans que je ne sache réellement les raisons même si je me suis mis à blâmer mon enfance remplit de vices et de pêchés... Je me suis même causé des tortures physiques dans la plus grande des discrétions pour me punir de ce que j'étais devenu et pourtant... Malgré ma bonne foi à agir selon mon Dieu, je n'ai jamais osé me confesser, même au pasteur avec lequel j'étais devenur assez complice. En fait, j'étais tiraillé par la peur de me voir retrouvé un jour sur le bûcher ou que l'on me considère comme une sorte de pseudo-démon assez puissant pour pénétrer à l'intérieur des lieux purs, pour chambouler son fonctionnement. En bref, je ne voulais inquiéter les miens et gérer le problème de moi-même.

Aussi, je résiste encore aujourd'hui. Je garde mes secrets pour moi. Je pratique au mieux ma profession. Et surtout j'existe. J'existe tant que je peux le faire. amen.