ET UNE BOUTEILLE DE RHUM
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To be delightful, happiness must be tainted with poison ☠ Elianor

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Avalon Stormborn
Lun 23 Jan - 21:58
Avalon Stormborn
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To be delightful,
happiness must be tainted with poison
Elianor & Avalon

L’eau de la bassine se teintait de rouge. Je me lavais les mains, les débarrassant des restes de ma dernière besogne. L’autre corniaud avait été coriace, j’avais dû me salir les phalanges. Oh, aucune inquiétude, il ne s’agissait pas de mon sang. Cela faisait longtemps que le mien n’avait pas coulé. Et je comptais bien faire en sorte que cela ne change pas de sitôt. J’avais une image à entretenir tout de même. Une dame respectable avec un visage parsemé de contusions ? Non, cela aurait fait désordre. Il fallait que je prenne soin de moi. Les mains trahissent beaucoup de choses sur leur propriétaire. Pour qui sait les étudier, elles en disent long sur la classe sociale, les habitudes voire le caractère du personnage. C’est pourquoi j’étais assez satisfaite d’avoir conservé les mains fines et délicates d’une aristocrate malgré mon quotidien plutôt… mouvementé. Cela demandait une attention permanente. Tout se joue dans les détails.
Une fois que mes doigts eurent retrouvé leur blancheur immaculée, je troquai mes vêtements de mercenaire contre une robe élégante et sobre. La journée ne faisait que commencer. Je partis ensuite m’installer à mon bureau. Des piles de contrats divers et variés s’entassaient çà et là. Les affaires se portaient à merveille. Nous entrions dans une période encore plus trouble que la précédente. Des alliances se brisaient, des trahisons naissaient. Et comme tout le monde ne pouvait décemment pas se permettre de risquer sa réputation, mon entreprise gagnait de nombreux clients. Souvent haut placés. Je me saisis d’une feuille surmontant le tas le plus proche. Parcourant les lignes manuscrites, mon regard ténébreux s’arrêta sur un point intéressant. Une vengeance. À voir… “Mort lente et douloureuse souhaitée”. Voyez-vous ça ! Je continuai ma lecture. Un sourire en coin étira mes lèvres lorsque je tombai sur la récompense. Eh bien, on dirait que quelqu’un a fait quelque chose de fort regrettable. Rangeant le papier dans une poche, je me levai et allai ouvrir une armoire à l’aide d’une minuscule clé habituellement cachée dans mon décolleté. Sur les étagères, des flacons de toutes tailles et de toutes couleurs s’alignaient. J’attrapai un petit récipient bleuâtre et le fis disparaître dans ma manche. Après avoir coiffé ma tête d’un chapeau accordé à ma tenue, je sifflai entre mes dents. Mamba émergea d’une pièce voisine, gueule béante d’enthousiame. Nous partions en balade.

Port-Royal était un de mes quartiers généraux préférés. La ville n’avait peut-être pas le charme exotique de l’Île de la Tortue, cependant, il émanait une barbarie tout à fait excquise des êtres arpentant ses rues malfamées. Une senteur de danger flottait dans l’air. C’était on ne peut plus vivifiant ! En outre, cela tendait à camoufler mon propre parfum. Je ne sentais pas de la même façon que toutes ces pauvres âmes. Une jeunesse sauvage avait-elle sans doute permis à la liberté d’accrocher son odeur à ma peau. J’embaumais l’air salé de plages inconnues, la pureté de montagnes vierges, l’étrangeté d’un autre monde, la menace de forces mystiques. Les gens ne se rendaient pas compte de l’importance de ce que l’on dégage. L’inconscient y est très sensible. Comme le charme du prédateur, cette senteur mêlant rêve et violence participait au fait que je passais rarement inaperçue. Gros inconvénient lorsque l’on veut se faire aussi discret qu’une ombre. Ainsi, les allées puantes et autres rues agressant les nez m’étaient plus favorables.
Je déambulais d’un air serein, tabac roulé coincé entre mes dents. Rares étaient les femmes qui fumaient. Mais l’image d’originale, de marginale, que l’on me donnait me convenait parfaitement. Il faut dire qu’en se trimballant avec un crocodile albinos, il m’était difficile de me fondre dans la masse. Je n’agissais jamais comme les autres. Et plus les regards se faisaient outrés, plus cela m’encourageait. Les bien-pensants pouvaient aller se casser les crocs sur la carapace de mon indifférence.
Arrivée au beau milieu des étales d’un marché, je ressortis le contrat et étudiai attentivement le visage qui y était dessiné. Un homme d’une trentaine d’années, de la bonne société, au physique plutôt agréable. Et une tache de naissance sur le cou. Mes yeux charbonneux balayèrent la foule. Il devrait pas être très loin. Un individu correspondait à la description. Tu crois que c’est lui ? chuchotai-je à l’intention de mon fidèle reptile. C’est alors que je discernai la marque distinctive sur sa gorge. Enchantée mon mignon. Me frayant un passage entre les badaux, je suivis ma cible jusqu’à une auberge. Le Grand Large. Ce nom me disait vaguement quelque chose. J’attendis que mon homme s’installe pour entrer à mon tour. Mais tandis que j’allais passer le pas de la porte, une main me retint par le pan de ma robe. Un gamin famélique agita une coupelle où s’entrechoquaient quelques malheureuses pièces. Je pris mon tabac roulé entre mes doigts et vins tapoter la cendre dans la gamelle qu’il me tendait. Dans un petit rire moqueur, je laissai le mendiant en plan pour m’engouffrer dans la taverne. Pour qui m’avait-il prise ? Une de ces dames honteusement riches qui, pour se donner bonne conscience, jetaient aux pieds des plus démunis leur petite monnaie ? Pff. J’étais trop honnête envers moi-même pour supporter de telles hypocrisies.

La mission se déroulait sans accrocs. En passant à la hauteur de ma victime, j’avais versé en toute discrétion une certaine quantité de poison avant d’aller m’installer à l’écart, l’air de rien. Mamba à mes pieds, je grognai devant les orbites estomaquées de mes voisins de tablée. Ils fixaient mon acolyte à écailles. Un problème ? Ils détournèrent leurs regards, trop lâches pour me tenir tête. On ne cherche pas les ennuis à une femme avec un crocodile, question de survie. Je passai commande, surveillant mon homme à l’autre bout de la salle. Soudain, il s’agrippa aux rebords de sa table, le visage crispé. Ma potion paralysante commençait à faire effet. Dans peu de temps, son souffle serait coupé et il suffoquerait, se voyant mourir et ne pouvant littéralement pas lever le petit doigt. Simple et efficace. J’observai le spectacle. Il fallait que je m’assure qu’il y passe pour de bon. N’allez pas croire qu’éliminer un inconnu me réjouissait particulièrement. Certes, j’y trouvais un certain attrait dû à mon coté joueur. C’était un défi à relever. Pour autant, je ne m’en délectais pas. C’était plus, vous savez, comme un boulanger en train de regarder dorer son pain. Ou un cuisinier qui inspecte la cuisson de son plat. La satisfaction du travail bien fait.
Rien ne pouvait venir interférer. Rien ne pouvait compromettre le déroulement de l’opération… Si ?

Emi Burton
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Dim 29 Jan - 10:37
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To be delightful, happiness must be tainted with poison
Avalon ☠ Elianor


Une journée tout à fait normal comme on en voyait quotidiennement à l’auberge du Grand Large. C’était ce que pensait Elianor de cette journée, pourtant d’ici quelques minutes elle allait très vite se rendre compte qu’elle s’était trompée. Elianor avait pour habitude de toujours passer de table en table pour discuter, se tenir informer et tout simplement maintenir une bonne convivialité. Alors qu’elle discutait justement à l’une de ces tables, ni Eli ni personne ne remarqua la préparation de l’inévitable. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes, lorsqu’un homme tomba à terre renversant sa chaise et le dessus de sa table au sol qu’Elianor porta attention audit homme. Personne ne vint l’aider, pensant qu’il s’agissait d’un énième ivrogne qui ne tarderait pas à se relever comme à chaque fois. L’œil aiguisé de la guérisseuse qu’elle était remarqua tout de suite que ce n’était pas le cas. Quelque chose n’allait pas. Un ivrogne n’avait pas un tel visage, un tel regard suivis de suffocation. Sans attendre d’avantage, Elianor écarta les personnes sur son passage et alla rejoindre l’homme à terre pour l’aider à respirer. En s’approchant de sa bouche, elle sentie tout de suite cette odeur. De l’amande. Cet homme venait d’être empoisonné ! Il n’y avait pas d’amandes dans les plats du jour, elle ne voyait pas d’autres explications possible et puis elle n’avait surtout pas le temps d’y réfléchir pour confirmer ou non cette hypothèse.

Il fallait agir et après on avisera, car si c’était bel et bien du poison, il fallait absolument empêcher que celui-ci ne paralyse les poumons et qu’il ne puisse plus respirer. Alors, sans se soucier des clients spectateurs, Elianor ordonna à Haizea, son bras droit, d’aller chercher des sels de Cobalt tandis qu’elle le maintenait en vie jusqu’au retour de la demoiselle. Ces sels faisaient partis des antidotes pour le cyanure, le seul inconvénient et qu’après l’avoir ingéré il fallait attendre quelques heures, le temps que le poison s’échappe par l’urine. D’ici là, cet homme ne sera pas tiré d’affaire.

Haizea de retour, Elianor s’occupa du reste. Lorsque les premiers signes de ralentissement du poison se manifestèrent, Eli soupira de soulagement, se releva pour demander à deux hommes de son personnel de le mener à une des chambres à l’étage. Il allait avoir besoin de repos et surtout d’une surveillance devant sa chambre, car il n’y avait aucun doute possible, on venait d’empoisonner cet homme et chez elle. D’un regard noir, Eli exposa brièvement la situation. Histoire que son auberge ne soit pas salie, car le poison ne venait pas des cuisines mais de l’extérieur. Elle en profita pour observer ces clients, il n’y en avait bien quelques uns qu’elle ne connaissait pas et sur qui elle ne pouvait pas faire pression… Du moins pour le moment.

Sur ce, Elianor quitta le rez-de-chaussée qui resterait sous les ordres d’Haizea pendant qu’Eli s’occuperait du mourant à l’étage. Comme ordonné ces deux hommes surveillés l’entrée de la chambre et personne, sauf elle, ne pouvait y entrer. Très bien. Cela lui laisserait le temps de chercher d’autres plantes médicinales qui pourraient aider au cas où il y aurait des complications. Qui sait, chaque corps réagissait différemment, il fallait s’attendre à tout et puis s’il y avait réellement un empoisonneur qui traînait dans le coin, ces plantes allaient forcément être utiles. Alors qu’elle se pensait tranquille pour quelques minutes dans son bureau à la recherche de quelques ingrédients qu’elle cachait dans une grande armoire, on vint toquer à la porte. Qui avait laissé monter quelqu’un maintenant ?! Elle n’avait vraiment pas le temps pour discuter affaire et elle avait bien demandé à Haizea ne pas être dérangée. Ne pouvant pas ignorer la personne derrière la porte, Elianor retint un léger soupir d’agacement.

« Oui ? Vous pouvez entrer, c’est ouvert. »

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Avalon Stormborn
Sam 4 Fév - 20:42
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Elianor & Avalon

Ce qu’il y a de bien avec les poisons lents, c’est que l’on ne sait jamais ce qui peut se passer entre le moment de l’ingestion et la mort. Un peu comme lorsque l’on joue aux dés : entre le lancé et l’immobilisation des cubes, il y a toujours un instant de flottement, d’incertitude. C’est ça qui fait toute la beauté de la chose… Mais ce jour-là, le contretemps qui se présenta ne me plut pas du tout. L’accroc blond qui venait de débouler me fit resserrer les doigts autour de mon verre. Le visage impassible, ne laissant rien paraître de ma contrariété, j’observais la scène. Une jeune femme richement vêtue (du moins trop apprêtée pour faire partie de la simple clientèle) s’était approchée de ma victime et avait demandé des sels de Cobalt à une autre demoiselle. Je n’étais pas guérisseuse. Je maîtrisais les bases des soins, juste ce qu’il fallait pour me tirer d’affaire, mais j’étais bien plus renseignée pour ce qui était de tuer par les plantes que pour sauver. Toutefois, je savais ce que faisaient les sels de Cobalt. Un imperceptible haussement de babine aurait pu trahir mon agacement. Elle va pas le faire, elle va quand même pas le faire ? … Ah si, elle le fait.... La garce. Je réprimai un grognement. Cette idiote allait tout faire capoter. Les bonnes âmes ne couraient pas les rues dans les Caraïbes, mais il avait fallu que le seul bon samaritain du coin décide de se manifester au pire moment ! J’émis une prière silencieuse à Calypso, la suppliant de me donner la force de ne pas me jeter pour tordre le cou de l’autre sotte. La situation se gâta d’autant plus lorsque ma proie fut menée à l’étage. Au milieu de la foule de l’auberge, j’aurais facilement pu rattraper les dégâts. Dans une chambre, avec seulement quelques témoins, c’était une autre paire de manches. Cependant c’était un défi à relever, ce qui pouvait s’avérer très divertissant.
La maîtresse des lieux exposa les faits à l’ensemble des clients, puis monta les escaliers. Mon regard s’accrocha à son dos, jusqu’à ce qu’elle disparaisse complètement. Si mes yeux avaient lancé des éclairs, la blondinette aurait déjà été foudroyée. Carbonisée. Je laissai ma boisson à moitié entamée et me levai. J’écrasai sans ménagement mon tabac au sol, et me penchai vers mon crocodile : Garde la table, Mamba, je reviens. D’un pas souple mais ferme, je me fendis un chemin entre les tables. Inconsciemment, les paupières se baissaient sur mon passage. J’embaumais le danger, la mort. Et ça, les gens ne voulaient pas le voir. Je me dirigeais droit vers la volée de marches qui menait à l’étage. Alors que j’atteignais l’escalier, une employée m’apostropha, prenant soin de se mettre entre moi et ma destination. Excusez-moi m’dame, mais vous pouvez pas monter. Ordres de la patronne. Elle avait l’air sincèrement désolée. Levant mes prunelles au ciel dans une moue exaspérée, je lui répondis dans un souffle : Me semble pas avoir demandé l’autorisation. Lorsque nos regards se croisèrent, la demoiselle comprit qu’il valait mieux ne pas insister. Bien. Au moins quelqu’un qui savait rester à sa place. Je n’avais pas de temps à perdre en négociations. Ma victime allait certes mettre plusieurs heures à se relever, mais ce n’était pas une raison pour traîner. Plus vite la mission serait terminée, plus vite je pourrais ramasser ma paye et remplir encore un peu plus les caisses de mon petit empire du crime. J’en avais fait une affaire personnelle.
J’avalai les marches quatre à quatre. Une fois dans le couloir, je vis deux hommes garder une porte. Pas la peine d’utiliser mes pouvoirs psychiques pour deviner ce qu’il y avait de l’autre côté de la cloison. Je m’approchai tranquillement, l’air grave. Les deux montagnes humaines firent mine de me barrer la route. Messieurs, soyez pas plus stupides que vous ne l’êtes. C’est une urgence capitale, je dois absolument voir la gérante… C’est même une question de vie ou de mort, ajoutai-je dans la confidence. Les bêtes et disciplinés tels que ces deux gros gaillards se manipulaient toujours de la même façon. Iil fallait simplement leur rappeler que vous leur étiez supérieur et qu’ils n’avaient qu’une chose à faire : vous obéir. Le culot, il n’y a que ça de vrai. Les compères semblaient un peu perdus, ils s’échangèrent un coup d’oeil déconcerté. Eh bien, qu’est-ce que vous attendez ? Frappez à cette satanée porte. L’un d’eux se décida enfin à réagir. Quelle vivacité. Leur mollesse m’impressionnait. Si je n’étais déjà pas assez occupée, je les aurais applaudis volontiers.

Oui ? Vous pouvez entrer, c’est ouvert. Je m’engouffrai dans la chambre, camouflant mes intentions derrière un masque d’angoisse innocente. Le moment était venu de jouer de mes talents de comédienne. J’inclinai respectueusement la tête avant de me présenter : Veuillez m’excuser, je… je suis vraiment confuse de vous déranger en plein travail mais… J’ai cru reconnaître en la pauvre personne que vous avez secourue un ami de ma famille venu nous rejoindre… Je me tournai alors vers le lit et feignis une parfaite surprise attristée. Oh non ! C’est… c’est lui, il… il correspond à la description que l’on m’a faite… Je ne l’avais jamais vu mais… il… il y a un tableau chez nous qui… Oh... Je plaçai délicatement mes mains devant ma bouche. Je vins au chevet du souffrant, le couvant de mes prunelles brunes comme s’il s’agissait d’un cher cousin. Il était encore dans les bras de Morphée. Des gouttes de sueur perlaient de son front. Je n’avais vu aucune bassine, aucune éponge dans la chambre. Quelqu’un allait devoir en chercher. J’avais besoin d’une seule minute, quelques secondes pour finir ma besogne sans que personne ne s’en apperçoive. Mais la blonde devait partir… Ou juste se retourner, farfouiller dans ses foutues médecines. Quelques secondes…

Emi Burton
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