Maxwell cligne doucement des yeux, émergeant de la brume qui l’entoure. Comme si les lumières s’allumaient petit à petit dans une maisonnée à l’aube, ses sens lui reviennent. Il respire l’odeur prenante de l’opium, encore présente dans la pièce. Sa bouche est sèche et le gout de sa langue est âcre et désagréable. Il voit légèrement trouble, mais les effets ne sauraient tarder à se dissiper. Il sent ses doigts crispés sur les draps rêches de son lit. Enfin, les sons de la ville lui reviennent, signe que Maxwell a complètement émergé. Levant une main paresseuse, il se donne une petite claque pour se remettre les idées en place et se lève en grognant.
L’opium à Port-Royal est de bonne qualité. Il pourra sans doute l’utiliser en guise d’anesthésiant, en plus de sa consommation personnelle. Le médecin, que sa famille renierait si elle le voyait dans un état aussi déplorable, se dirige d’un pas presque sûr vers les placards et sort une miche de pain qu’il dévore avec un bout de viande séchée. Après son repas froid englouti, Maxwell s’attelle à sa toilette. Un peu d’eau fraîche dans un vase suffit à lui redonner son entrain habituel. Il se plait même à siffloter un petit air pendant qu’il se frotte la peau avec insistance. Certes, il est tombé bien bas au vu de son rang de fils de bonne famille, mais ce n’est pas aujourd’hui qu’on ira le confondre avec un pirate puant et souillé des pieds à la tête. Maxwell relève la tête vers le bout de miroir cassé devant lui et peigne sa barbe et ses cheveux, les nouant en catogan, comme à son habitude.
Il enfile une chemise sombre –les tâches se voient moins – et son manteau qui n’est pas de première jeunesse sur ses épaules. Les clients sont encore trop rares à son goût. Bien qu’il ait appris à vivre avec une petite bourse, il aimerait quand même pouvoir souper à l’auberge tous les soirs. Lui-même ne sait guère cuisiner. Maxwell sort donc de sa petite chambre, ébloui par le soleil quelques instants, avant de commencer ses démarches. Le temps passe vite, et il ne voudrait pas passer toute cette belle journée a démarcher les passants. Le voici donc qui commence à se présenter aux teneurs de boutique, aux propriétaires d’auberges, parfois même aux riverains, allant de ruelles en ruelles et souriant au point d’en avoir mal à la mâchoire. Mais le médecin ne se décourage pas un seul instant. Avec les efforts viennent les récompenses, n’est-ce pas ?
Les traits de mon visage esquissèrent une grimace. Je n'avais jamais été des plus expressives et encore moins de celles qui se plaignaient à la moindre petite douleur. Non, vous vous leurrez...La piraterie n'endurcissait pas forcément les âmes. Je pense que la plupart des boucaniers sur mon rafiot pleureraient avec pareille blessure. Mon flanc saigne depuis quelques minutes. Sarh'il appuie sur ma chair pour empêcher mon liquide vital de continuer à se répandre dans la ruelle tandis que Jimmy, le petit moussaillon, est parti chercher du secours. Je vais lui en devoir plus d'une et l'idée me déplaît plus que de me faire recoudre. C'est lui qui a prévenu mon frangin quand j'étais en fâcheuse posture. Et le gosse n'a pas hésité à sortir son coutelas et ses poings à ma plus grande surprise. Je grogne. J'espère qu'il oubliera ma dette envers lui.
Finalement, il revient bredouille...Et paniqué. Sarh'il peste contre lui sans grande méchanceté avant de me hisser sur les épaules. Il a toujours été plus sociable que moi et possède un charme que le gamin n'a pas. Je continue d'appuyer sur la plaie tant bien que mal. Il court et je n'arrive à mesurer le temps qu'il se passe avant que sa voix ne résonne dans une sordide échoppe. Une de ses connaissances je suppose. Je commence à fatiguer car je n'entend pas clairement ce qu'il se trame mais je sens à nouveau son corps se mouvoir. Il fini par se stopper, et je tente de lever ma tête. Il est devant un barbu.
"Vous êtes médecin, non? J'ai quelqu'un pour vous."
Je suppose que ses angoisses l'empêche de se montrer plus poli. L'autre le comprendra sûrement. Oh non, je ne m'inquiète pas de passer de l'autre côté. J'ai vécu pire situation. À défaut de docteur, sûrement ira t'on me recoudre dans une vulgaire taverne.
Maxwell Blackwood
Mar 17 Jan - 22:54
Maxwell Blackwood
Maxwell Blackwood
Médecin du Peuple
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Maxwell Blackwood & Simza Mokhtari
Maxwell se penche contre le muret et observe la mer en se grattant la joue. La grande étendue d’eau est là, juste devant lui. Il sent le vent salé qui frappe son visage et ébouriffe ses cheveux. La mer l’attire toujours autant. Indomptable, elle fait des ravages sur les côtes et sur les bateaux assez imprudents pour voyager lors des tempêtes. Pourtant si belle et symbole de la forme la plus pure de la liberté. Elle charme les hommes comme nulle autre pareille, tout comme elle les assassine en grand nombre. Il n’est pas rare que Maxwell doive réparer les dégâts qu’elle fait subir aux marins.
Il sursaute lorsqu’il se fait héler et se tourne entièrement pour faire face à une étrange silhouette. Silhouette composée de deux corps superposés. Maxwell plisse ses yeux bleus et les scrute avec plus de finesse. Du sang dégouline du flanc d’une brunette, reposant mollement sur l’homme qui la porte. L’homme s’adresse d’une voix franche et sans s’embêter de la moindre politesse. Ça ne surprend pas Maxwell le moins du monde. Premièrement parce qu’il est visiblement anxieux, et puis parce que les excès de politesse se font rare dans les quartiers modestes.
Maxwell hoche la tête brièvement :
- Je suis médecin. Ne perdons pas de temps. Suivez-moi, et surtout… Cessez de courir avec une blessée sur le dos. Il n’y a rien de pire pour agrandir les plaies. Marmonne-t-il dans sa barbe en se mettant en route.
Le médecin se met à marcher rapidement, à grands pas, les observant tout en se déplaçant.
- Vous savez ce qu’il lui est arrivé ? Vous pouvez me dire quand et comment elle s’est blessée ?
Maxwell ouvre la porte de son piètre cabinet et la maintient ainsi pour les laisser passer.
- Allongez-la sur le lit. Ordonne-t-il en plongeant ses mains dans une carafe d’eau froide pour les nettoyer sommairement.
En attendant les réponses, le médecin prépare ses outils de chirurgie avec rapidité et efficacité. Certes, il a des défauts, et même des vices. Son addiction est certes plus qu’inquiétante. Mais il reste avant tout un homme brillant et plein de ressources. Du moins, pour l’instant.
COSMIC SHEEP.
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