L’aristocratie dans toute sa splendeur

Maxwell est né de bonne famille. Les Blackwood sont une famille respectable établie aux Etats-Unis, en Caroline du Nord plus précisément.  Ils possèdent plusieurs hectares de terrain, des plantations, et des esclaves  à foison. C’est tout naturellement que le cadet de la famille excelle à l’école et obtient vite son titre de médecin chirurgien. Brillant, orgueilleux, attirant, il est le fier descendant des Blackwood. Maxwell ne se préoccupe pas des gens de la classe moyenne, ni des pauvres. Jouissant de la fortune de sa famille et de ses propres économies qui enflent rapidement avec le temps, le jeune prodige se plonge dans la luxure et les plaisirs divers et variés, oubliant tous ses serments envers Dieu.

Ses débauches le rattrapent bien vite lorsqu’il met enceinte Mary Shallow, fille d’un artisan recommandable de la ville. Les rumeurs se répandent vite et Maxwell est contraint d’épouser cette femme ordinaire, qui n’était qu’un amusement d’une nuit. Avec elle, il apprend la douceur, la gentillesse, et la beauté d’un cœur pur et des plaisirs simples de la vie. Aujourd’hui encore, Maxwell peut entendre résonner dans ses oreilles son rire joyeux, cristallin et la comptine qu’elle fredonnait pour l’enfant à naître. En moins d’un an, Maxwell tombe fou amoureux et est comblé par une vie si différente de celle qu’il menait auparavant. Son histoire aurait pu terminer ainsi, il aurait pu vieillir entouré de sa famille et devenir l’un des plus brillants médecins des environs. Hélas, la vie est loin d’être un conte de fée.

Lors du dernier mois de grossesse de Mary, la ville est frappée par une épidémie de variole. Les rescapés sont rares, et la jeune mariée n’en fait pas partie. Maxwell enterre lui-même sa femme et son enfant, les services mortuaires étant surchargés. Ravagé par cette perte immense, rendu fou de douleur et abattu par le chagrin, le jeune homme amasse ses économies et fuit sur le premier bateau qu’il croise au port.

Il se découvre une passion pour la vie en mer, bien qu’elle soit entachée par son humeur massacrante. C'est lors de ce premier voyage que Maxwell découvre les joies de la consommation d’opium et de cannabis. Il se laisse aller des jours entiers dans sa cabine, respirant un nuage de fumée constant, apaisant son cœur et ses remords en perdant conscience. C’est sans surprise qu’il se réveille sur un port de Cuba, dépouillé d’une bonne partie de sa fortune d’antan. Maxwell n’en veut pas à l’équipage. Ils l’ont laissé en vie, c’est le principal. Avec les restes, Maxwell parvient à se payer une chambre dans une auberge miteuse du coin.

Le jeune médecin découvre un tout nouveau monde. Celui des pirates, des gens de mauvaises familles, la sensation d’un poing qui s’abat contre sa mâchoire, celui de l’ivresse et de la drogue, des femmes manipulatrices qui lui font les poches, mais aussi un monde plein d’aventures, d’hommes et de femmes au grand cœur, de levés de soleil sur l’océan, de la sensation du sable chaud sous les pieds. Médecin de passage, Maxwell parvient toujours à trouver un cabinet de fortune et à soigner des gens. Ses rêves de grandeur sont détruits depuis qu’il a perdu ses deux patients les plus chers à son cœur, alors il se contente de soigner et d’espérer ne plus tuer quelqu'un de plus.  Il découvre aussi l’amour entre hommes lors d’une soirée un peu trop arrosée, et ne regrette rien de ce nouvel apprentissage.

Maxwell désormais est un voyageur averti, de bonne compagnie et au talent indiscutable. Il ne cherche pas souvent les ennuis, bien qu’il ne soit pas totalement honnête. Etre respectable n’a plus aucun sens pour lui, et il ne refuse jamais un patient en souffrance, quel qu’il soit. Ses addictions sont devenues un véritable fléau mais il se sent plus seul que jamais, et en conséquence ne cherche pas à sortir de sa situation. Il enfouit ses blessures du passé et avance sans jamais se retourner, quitte à enterrer une partie de lui-même au passage.