Il était une fois ”
Il était une fois une adorable petite fille qui naquit dans une famille noble et aisée de Vannes. Elle était le troisième enfant de la fratrie qui comptait deux frères plus âgés et une petite sœur. Malheureusement, la vie n’était pas rose. La mère décéda en suites de couches après avoir mis au monde la dernière-née. Le bébé lui-même ne vécut pas suffisamment pour fêter son premier printemps.
En 1657 donc, alors que la petite Juliette a 6 ans, elle vit seule avec son père et son frère cadet, âgé de 10 ans. L’ainé de ses frères s’est déjà engagé dans la marine et n’en reviendra jamais.
Tandis que le fils grandit sous les bons soins paternels afin de prendre sa succession dans un avenir lointain, la fille est élevée par une gouvernante sévère qui tente de lui enseigner tout ce qu’il faut savoir pour devenir une jeune fille digne de son rang. Mais Juliette a déjà un caractère bien trempé et sèche parfois les cours de couture et de bienséance au profit d’autres occupations plus amusantes. Les seules leçons qui la passionnent sont l’histoire et les langues.
Lors que l’arrivée du Roi Soleil sur le trône quelques années plus tard, les nobles sont plus que jamais incités à établir demeure dans les colonies françaises. Le père est richement rétribué pour participer à cette colonisation exotique et tropicale. Il accepte donc de partir avec sa fille. Il laisse à son fils, 19 ans et mariée à une demoiselle de la noblesse bretonne, son domaine à Vannes.
Petite bretonne deviendra grande ”
1666 ” New Providence me voilà. Je vais prendre le bateau pour la première fois de ma vie. Je crois que mon père est un peu anxieux. Le voyage sera long.
Mon frère ne nous accompagne pas. Mais ça l’arrange bien. Il m’a confié qu’il était bien content de rester en terre connue et d’avoir enfin les rennes de la maison. Sa jeune épouse est mignonne comme tout et il me semble qu’ils forment un joli couple amoureux. Je suis heureuse pour lui. Mais je ne sais pas si j’aurai l’occasion de le revoir bientôt...
1668 ” J’habite sur une des plus belles îles des Caraïbes depuis deux ans, si c’est pas magnifique comme vie ça !
Mon père est propriétaire d’une belle villa et d’un terrain conséquent. Il s’est rapidement rapproché du gouverneur de Charles Town. Je crois qu’il est maintenant devenu un de ses conseillers, ou quelque chose comme ça. Bizarre qu’un français et un anglais s’entendent si bien. Peut-être que vivre aussi loin de nos pays respectifs fait en quelque sorte tomber les conventions.
Ces derniers temps en tous cas, nous avons souvent été invités à dîner chez lui. L’occasion d’y rencontrer son fils, à peine plus âgé que moi. Il est beau garçon. Malgré cela, le courant passe difficilement entre nous. Et ce n’est pas faute de sa part que de faire des efforts. Mais il est trop rigide et trop misogyne à mon goût.
1669 ” J’aurai du sentir l’évidence ! Hier, on nous a officiellement annoncé nos fiançailles. Une façon pour mon père d’assurer son poste ? Je n’en sais rien. Mais c’est clairement un mariage d’intérêt. Je n’ose pas demander à mon futur s’il éprouve quelque chose pour moi mais lui doit se douter que je ne suis pas éprise.
La perspective ne me réjouit pas, mais je ne me fais pas trop d’illusions. C’est comme ça que tourne le monde. Néanmoins, ma vie tranquille commence à me lasser. J’ai besoin d’action, d’aventures !
Le gouverneur et son fils partent dans quelques semaines au Mexique où ils doivent faire affaire. Je saisis l’opportunité et demande à mon père la permission de les accompagner. Je découvre ainsi d’autres contrées qui me fascinent. J’apprends sur place la langue espagnole.
1671 ” Le mariage a été retardé par divers événements. Mais il est finalement prévu pour bientôt. Je suis de moins en moins enthousiaste à cette idée.
Depuis ma première excursion au Mexique, je multiplie les voyages diplomatiques. Je suis avide de découvertes et beaucoup d’histoires me font miroiter les trésors qui se cachent dans les Caraïbes. C'est décidé ! Je ne vais pas rester à moisir ici comme femme au foyer.
Je prépare quelques affaires. J'emporte avec moi le poignard offert par mon père. J'ai appris à m'en servir rapidement et je connais quelques rudiments du combat après des heures à observer le fils du gouverneur s'entraîner. Mais quant à savoir si je pourrais les mettre en pratique, c'est une toute autre histoire... Enfin ça ne me fait pas peur. Qui vivra verra !
A moi l'aventure !