L'Histoire

« Alors, matelot, tu me l’apportes ma foutue jambe de bois?! » Le capitaine fulmine tout en grognant à l'encontre d'un jeune garçon d'à peine quatorze ans. Il ne sait pas pourquoi il l'a épargné, il sait juste qu'il lui fallait un laquais. Poussant un soupire en se vautrant dans son fauteuil, le capitaine observe le ciel noir parsemé d'étoiles. Ah, la pêche avait été bonne ce jour là. Le navire était rempli de caisses d'argent des mines mexicaine, en direction de l'Espagne. Un sourire cruel mais satisfait se dessine sur le visage marqué par les années du capitaine.

Finalement, il finit par tourner son visage vers l'enfant, l'observant. « Un jour gamin... Tu d'viendras un pirate assoiffé d'sang et d'trésors, tout comme moi... » L'enfant ne répond rien, continuant de chercher la jambe de bois. Le capitaine lâche un rire gras avant d'attraper sa pipe pour la bourrer de tabac. « T'sais gamin, un jour, les pirates règneront sur l'océan. Ouais. J'te l'dis p'tit ! C'est prédit ! C'est inscrit dans les étoiles que quand la lune sera bleue, le pavillon noir sera alors roi des océans ! T'entends c'que j'dis ? »

Enfin, le capitaine craque une allumette pour allumer sa pipe. Le monde des pirates change peu à peu. Ils le sentent. Leur soif de sang et de pouvoir se fait de plus en plus grande. L'armada Espagnol peine à réguler cette population. De leur côté, la France et l'Angleterre se sont alliés pour tenter de faire face au pavillon noir. Cependant, la prophétie qui dit que le pavillon noir règnera sur les mers dit également que le cachet royal, unifié, serait capable de les arrêter. À bord des bateaux pirates, les prêtres et les prêtresses s'enhardissent, commençant à clamer que la prophétie se réalisera. Les pirates agissent de plus en plus, tuant, pillant.

La capitaine fixe d'un air songeur une vieille boussole qui ne semble plus fonctionner. Il la dépose délicatement sur la table, près de son fauteuil et soupire d'aise. « Le monde finira par nous appartenir... Il faudra se soumettre ou périr... » Il ne s'adresse à personne en particulier. Il semble loin, rêveur peut être. Et soudain, il s'anime, dardant un regard noir vers l'enfant alors qu'il agite son pistolet dans tous les sens. « J’te jure gamin, si tu m’apportes pas ma jambe, t’auras le droit à une balle entre les deux yeux. !!!Tu m’connais, faut me croire, je bois peut-être mais j’ai déjà tué !!! »