Big Family
La famille Hayman a toujours été réputée pour le nombre invraisemblable de ses membres. Dans cette famille avoir des enfants n'a jamais été un problème. Eleonore à ainsi 7 frères et sœurs, tous, plus âgés qu'elle. Elle est la dernière-née de cette imposante famille qui a fini par ne plus s'extasier par la naissance d'un enfant. Eleonore était la petite dernière que beaucoup ne voyaient pas. Il n'y avait que son père pour lui donner de l'importance. Sa mère avait fini par mourir quelques années après sa naissance, le corps meurtri par ses trop nombreux accouchements. Pour ses frères et soeurs, elle n'était qu'un enfant en plus qui faisait le bonheur de vieilles nourrices. Il faut dire que chez les familles nobles, les vrais parents ne sont autres que ces vieilles filles qui passent leurs journées et leurs nuits à s'occuper de la progéniture de leurs patrons.
Eleonore passa ainsi le plus clair de son temps avec ces femmes, ne pouvant vraiment jouer avec le cadet de ses frères. On lui destinait un avenir de guerrier, ce qui ne convenait pas à une demoiselle. Il y avait bien ses soeurs, mais celles-ci avaient déjà le monde bien à leur pied. Introduites à la cour et presque aussitôt mariées, Eleonore à en réalité peu connue ses soeurs.
Seuls restaient ses trois frères. L'un deviendrait le futur chef de famille, le second serait dirigé vers une voie religieuse et le troisième irait prendre les armes. Cela faisait le bonheur de leur père qui voyait tout ce qu'il avait fondé prendre petit à petit son envol.
Eleonore fut comme un amusement pour ce vieux papa qui laissait son aîné prendre sa place. Il s'occupa presque seul de son éducation lui apprenant mille et unes choses qu'il avait pu apprendre durant sa vie. Il lui apprit tout ce qu'elle avait à savoir sur le monde des grandes personnes, lui donnant parfois des rôles à jouer. Cela amusa beaucoup la jeune fille qui se prenait facilement au jeu et cela développa en elle une soif de savoir que son père ne pouvait seul, combler. S'enchaîna alors des professeurs en tous genre et de tout horizon. Eleonore s'ennuyait de ne pas apprendre. Il n'y avait que les ballades à cheval et les histoires pour la distraire. Son père l'emmena à de nombreux spectacles et concerts qui lui donnèrent envie de tout. Cette ambition vers le savoir retarda son insertion à la cour. Elle n'ira jamais durant le vivant de son père. Celui-ci avait trop peur de finir seul entre ses livres. Pourtant, Eleonore avait envie de se marier. Elle voulait connaître les joies et tristesses de la vie de famille. Son savoir passait également par son expérience de la vie. Dans son château de campagne, elle était consciente qu'elle ne connaissait rien au vrai monde.
À la mort de son père, Eleonore eu d'avantage le souhait de changer d'horizon. Elle restait désespérément seule dans la grande maison familiale le temps que ses frères trouvent chacun une femme à marier. Le mariage d'Eleonore devait suivre, mais cela ne se fit pas tout de suite. La jeune femme devait d'abord supporter la femme de son frère aîné qui s'imposa comme la maîtresse de maison. Celle-ci se donna comme rôle de faire d'Eleonore une parfaite future épouse avant de rapidement l'entraîner dans le fard de la cour d’Angleterre. Eleonore ne si sentira jamais à son aise, découvrant parfois les mauvaises intentions de soit disant gentils hommes. Elle fut souvent un sujet de discussion. L'on se demandait pourquoi de toutes les filles Hayman, elle était la seule à avoir mis autant de temps à être présentée au monde. Pourquoi semblait-elle si différente ? Certain tenta de voir qui se cachait derrière elle et bien souvent Eleonore ne joua pas le bon personnage. Les femmes la trouvaient trop sage et les hommes trop cultivés. Il n'était pas facile pour la jeune femme de se taire ou de faire semblant de ne pas savoir. Elle pensait parfois que certains partageaient son goût pour certaines sciences, mais elle ne trouva personne qui eut à cœur d'apprendre ou de partager ses connaissances.
Eleonore ne resta donc pas longtemps à la cour et son frère s'en inquiéta. Il devait marier sa soeur. Elle ne pouvait pas rester là à attendre que l'on vienne la chercher. Il fit alors ses propres recherches trouvant des prétendants de tout horizons. Une belle dote était à la clef et Eleonore était loin d'être affreuse. Étrangement, la jeune femme se désintéressa de cette chasse à l'homme. Elle se contenta de croire en ce que l'avenir lui réservait.
Un beau matin, son frère la réveilla en sursaut un grand sourire sur les lèvres. Il avait un rire jouissif tout en secouant une lettre dans ses mains. Une missive était arrivée dans la nuit, Eleonore allait être mariée très loin d'ici. Son frère lui parla des heures de la chance qu'elle avait de se rendre aux Bahamas. Eleonore en fut particulièrement étonnée, posant alors tout un tas de questions auxquelles son frère ne répondait pas vraiment de manière honnête. Il lui fit bien évidemment des éloges sur le Lord Richard Valentine, lui répétant sans cesse qu'elle serait la femme d'un gouverneur. De là tout s'enchaîna. Le départ d'Eleonore fut rapidement prévu et tout fut préparé en conséquence. La jeune fiancée n'eut rien à dire ni à faire. Elle se contenta de suivre un peu dépassée par les événements.
Elle avait dû mal à croire qu'en plus d'être bientôt mariée, on l'envoyait tout là-bas dans les îles. L'une de ses soeurs lui avait même fait suggérer que son frère n'allait pas la mariée, mais l'envoyait plutôt là où l'on avait besoin de petites mains. Eleonore n'y crut pas, du moins pas avant de partir.
Bientôt il fut temps pour elle de prendre le large, accompagnée par une personne de confiance commandée par son frère. Elle avait pris toute ses affaires, comme si jamais elle ne reviendrait en Angleterre, regrettant de ne plus pouvoir venir sur la tombe de ses parents. Elle ne verrait peut-être plus ses neveux, ses nièces, ses sœurs et ses frères. Cela rendit le voyage moins attrayant. Elle éprouva un réel plaisir à découvrir l'océan, même lorsque les trop grandes vagues lui donnaient la nausée. Elle apprit beaucoup de termes nautiques et demanda plusieurs fois au capitaine si elle pouvait tenir la barre. Elle était comme une grande enfant qui découvrait un tout nouveau milieu. Elle s'amusa en cachette à parler aux quelques moussaillons qui n'avaient pas peur de se faire surprendre. Elle écouta leurs histoires et anecdotes qui lui donnaient le sourire. Lors de leur quelques escales, elle découvrit de toutes nouvelles villes qui respiraient le neuf contrairement à la vieille Angleterre. Les personnes étaient différentes, elles avaient un quelque chose de plus humain. Cela peut être dû au courage que ces gens avaient pour recommencer leur vie sur ces nouvelles îles. Le voyage était long, mais Eleonore ne s'ennuya pas. Elle jouait souvent aux cartes avec l'ami de son frère et le capitaine. Mais elle passait le plus clair de son temps à penser à New Providence. Elle essayait d'imaginer son avenir là-bas en temps qu'épouse, cherchant même des prénoms pour les enfants qu'elle aurait peut-être.
Cependant, quand vint le jour J. Eleonore fut prise d'une terrible angoisse. Elle repensait aux paroles de sa soeur. Et si elle était là pour une toute autre raison que celle de se marier ? Son frère aurait-il voulu se débarrasser d'elle ? Elle douta en son frère qu'elle ne connaissait en réalité que peut. Il ne, c'était réellement occupé d'elle que pour lui trouver un mari. Son "garde du corps" était heureusement là. Il lui fit comprendre qu'elle avait le devoir de représenter dignement sa famille et l'Angleterre. Elle ne devait pas avoir peur. Personne ne lui voulait du mal.
Pas totalement convaincue, mais suffisamment pour pouvoir jouer la grande dame Anglaise Eleonore finissait par poser pied au port de Charles Town où rapidement elle put rencontrer Sir Richard Valentine.
Sa première réaction fut d'être soulagée de voir qu'elle était bel et bien là pour se marier et de se maudire intérieurement pour ne pas avoir cru en son frère. La seconde fut de contenir son entonnement face à cet homme qu'elle avait imaginé mille fois et qui ne correspondait en rien à ce que l'on avait pu lui dire. L'homme avait du charisme, de la prestance et imposait un très grand respect. Cela peut être dû à son âge. Il avait bien au moins 30 ans de plus qu'Eleonore, mais cela n’effraya pas la belle. Au contraire, elle pensa tout de suite qu'elle réussirait surement à s'entendre avec lui. Ses plus proches amis avaient toujours été beaucoup plus âgés. Elle se disait que lui au moins, aurait surement matière à discuter.
Leur rencontre se passa très bien, malgré qu'Eleonore n'était pas des plus alaises. Ne connaissant rien du gouverneur, elle se demandait toujours si ce qu'elle disait était convenable. Elle voulait faire une bonne impression, ne désirant pour rien au monde retourner si vite en Angleterre. Fut-elle une bonne impression ou pas. Toujours est-il que le mariage ne fut pas annulé et qu'elle eut le droit à une entrevu très spéciale avec son fiancé. Elle crut conclure un pacte d'avant mariage et cela lui plut. Elle serait une reine dans la villa et disposerait d'une certaine liberté tant qu'elle ne mettait pas le nez dans les affaires du Sir. Elle ne pouvait bien évidemment pas refuser, mais elle était loin de lui répondre favorablement sous la contrainte. Elle trouva même amusant qu'une personne importante comme le gouverneur -Pouvait-il être son fiancé- lui parle ainsi. Elle savait au moins que l'homme qu'elle allait épouser n'était peut-être pas tout blanc, ce qu'Eleonore ne réprouvait pas. Il était évident pour elle que l'on ne pouvait pas être que du bon côté, surtout pour une personne avec des responsabilités.